Article de plaidoyer

 

 

« Personne ne naît bon citoyen, aucune nation ne naît démocratique. Mais pour tous deux il s’agit plutôt de processus en constante évolution. Les jeunes doivent être inclus dès leur naissance. Une société qui se coupe de sa jeunesse se coupe de sa source de vie et se condamne à mort. » - Kofi Annan, ancien Secrétaire Général de l’ONU.

 

 

En Tunisie, ce petit pays d’Afrique du Nord, les jeunes entre 15 et 29 ans représentent 24,5% de la population selon le recensement général de la population et de l’habitat réalisé en 2014 par l’Institut National de la Statistique. Cette jeunesse est source de vie, de créativité et d’innovation. A supposer que nous nous unissons, nous constituerons une force de proposition que le gouvernement ne pourra pas ignorer.

 

Pour ce pays en transition et en construction, cette population jeune est une chance et un capital humain inestimable.Mais pour que cette richesse humaine s’épanouisse, nous devons apprendre que nous avons beaucoup à donner avant de prendre. Il faut rappeler l’importance de s’engager pour donner une nouvelle image de nous-mêmes et faire tomber les stéréotypes du « jeune tunisien qui ne fait que courir après ses droits». On nous reproche toujours notre manque d’engagement, donc, pour rompre avec ce cliché, nous devons nous unir pour nous faire entendre. Ensemble nous ne pourrons plus être ignorés par les décideurs et nos idées seront prises en compte. Nous devons gagner notre place dans le paysage politique et socio-économique, pour prendre le relais et insuffler un sang nouveau à la vie politique tunisienne, aujourd’hui et demain.

 

La participation des jeunes est essentielle pour l’enracinement de la démocratie.

 

Dans notre pays, le dialogue des jeunes et/ou avec les jeunes est devenu une sorte de rhétorique, où nous ne sommes quasiment jamais invités à la discussion, et quand nous y sommes, c’est sur la base de critères définis par les dirigeants politiques, pas forcément en adéquation avec notre réalité sociologique.

 

Comment peut-on parler de dialogue de jeunes en leur absence ?

 

La  faible participation de certains d’entre-nous à ces dialogues s’explique souvent par un désengagement, une frustration et/ou un manque de confiance envers la sphère politique.Selon l’enquête réalisée, en 2014, par le Bureau International du Travail,91,2% des jeunes ruraux et 68,7% des jeunes en milieux urbains déclarent ne pas avoir confiance dans les institutions politiques. Nous sommes conscients de l’importance de notre participation à la vie publique mais certains déplorent l’absence d’opportunité qui nous permet d’exercer nos droits sociaux, notamment dans les administrations et les institutions publiques dans lesquelles nous sommes jugés hâtivement sur notre manque d’expérience et nous n’avons que rarement l’occasion de participer aux projets d’avenir et les problèmes qui nous concernent et nous engagent dans le processus démocratique. Seule la participation nous permettra de devenir des citoyens actifs.

 

Comment encourager les jeunes à être de bons citoyens ?   

 

Les jeunes représentent un immense potentiel de changement dans le monde. Il est essentiel de nous offrir des opportunités dignes pour une émancipation sociale, économique et politique vers le développement durable de la Tunisie.

 

A notre sens, commencer par la citoyenneté qui est le fondement de la démocratie, nous devons être impliqués dès notre jeune âge aux prises de décisions pour pouvoir faire de nous de bons citoyens. Il faudra commencer cet apprentissage dans les écoles. Ensuite, penser à des programmes attractifs et adaptés pour nous impliquer davantage au processus démocratique. Une révision de certaines instances décisionnelles est donc nécessaire tel que créer plus de postes pour les jeunes qui seraient encadrés par des personnes expérimentées, pour nous aider à nous impliquer dans la vie sociale et politique. Ainsi, les institutions de gouvernance ont la responsabilité d’assurer notre inclusion dans la société et de nous aider à surmonter les obstacles auxquels nous faisons face. L’administration pourrait engager despartenariats avec les associations de jeunes à travers toute la Tunisie. Organiser des rencontres entre des jeunes de différents milieux et des décideurs politiques pour favoriser le dialogue mais surtout équilibrer les liens intergénérationnels.

 

Plus que jamais, il est important et même urgent d’investir dans la jeunesse.

 

Un investissement doit se faire sur ce capital humain. Nous incitons les jeunes à s’impliquer tant que leur  participation est un droit fondamental comme le stipule l’article 8 de la constitution: « L'Etat veille à assurer aux jeunes les conditions nécessaires au développement de leurs capacités, de leur prise de responsabilité et à élargir et généraliser leur participation à l’essor social, économique, culturel et politique » car cela nous  permettra d’acquérir des compétences nouvelles et une expérience pratique qui nous mènerons à de meilleures prises de décision dans le futur. La Tunisie vit d’importants changements socio-économiques et politiques. Il serait judicieux que nous, qui occupons une place prépondérante dans la société, soyons au cœur de ces changements.

 

 

Image retirée.  Yasmine Labidi a 23 ans et est étudiante en psychologie à l’institut supérieur des sciences humaines de Tunis. Elle est secrétaire générale de Jeunes Indépendants Démocrates (JID) pour l’année 2016-2017, une association qui travaille sur l’éducation et la sensibilisation des jeunes aux droits de l’Homme et à la citoyenneté. Yasmine est attachée aux valeurs de la justice sociale et travaille, entre autres, sur les droits des personnes en situation de handicap en collaborant avec l’association AGIM pour faciliter leur intégration sociale, et sur les droits des immigrés en collaborant avec l’association Terre d’asile Tunisie via le projet Maison du Droit et des Migrations. Yasmine fait partie de trois différents réseaux qui œuvrent principalement sur l’implication des jeunes dans la vie sociopolitique : NET-MED Youth (UNESCO), Young Leaders (Friedrich Ebert Stiftung) et Tunisian Youth Forum dont elle est la trésorière. 

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